CEMAC : Malgré une hausse de l’offre de liquidité à 430 milliards FCFA, les banques restent insatisfaites

La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a une nouvelle fois relevé son offre de liquidité aux banques commerciales de la zone Cemac à l’issue de l’opération menée le 10 juin 2025, passant l’enveloppe injectée de 420 à 430 milliards de FCFA. Pourtant, cette hausse n’a pas suffi à combler la soif de financement des établissements de crédit.

Les besoins exprimés par les banques ont récemment atteint un niveau record de 513,3 milliards de FCFA, laissant apparaître un déficit de 83,3 milliards de FCFA entre l’offre disponible et la demande effective. Cette situation souligne l’intensification des besoins de refinancement des acteurs bancaires dans la sous-région. En effet, ceci s’inscrit dans un contexte de hausse de la demande de crédit bancaire, observée depuis plusieurs mois à l’échelle de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et République centrafricaine). Une dynamique en partie alimentée par l’assouplissement récent de la politique monétaire de la Beac. Car, depuis le desserrement de l’État autour de la politique monétaire dans la Cemac avec la réduction de 0,5% du principal taux directeur de la banque centrale, les banques commerciales affichent un grand besoin de liquidité. Selon les données de la Beac, l’offre de liquidité de 420 milliards de FCFA du 3 juin 2025 a été sursouscrite.

La ruée des banques commerciales vers la liquidité de la Beac traduit ainsi une augmentation de la demande du crédit bancaire dans la sous-région. Puisque, selon les banquiers, le recours au refinancement de la banque centrale se fait généralement lorsque les disponibilités des banques sont insuffisantes pour satisfaire la demande de crédit des agents économiques. En rappel, le 24 mars dernier, au sortir de la réunion du comité de politique monétaire (CPM), la BCE a décidé d’abaisser ses principaux taux directeurs à 4,5% (contre 5%) de même que le taux de facilité de prêt marginal (TFPM), prévu pour les emprunts de moins de 24 heures, qui est fixé à 6% contre 6,75% précédemment. Soulignons également que la banque centrale a abaissé ses principaux taux directeurs, une première depuis la fin de l’année 2021. L'objectif affiché étant de stimuler le refinancement bancaire et, par effet de levier, de renforcer le soutien au financement des économies nationales.

Cette inflexion marque un tournant après plusieurs hausses successives visant auparavant à contenir l’inflation et à restreindre l’accès au crédit. Malgré ces efforts, le fossé entre l’offre et la demande de liquidité interroge sur la capacité actuelle du système financier sous-régional à accompagner efficacement la reprise économique. Dans le détail, alors que la Beac se proposait d’injecter une enveloppe record de 420 milliards de FCFA dans le circuit bancaire au cours de l’opération, les neuf établissements de crédit ayant participé à l’opération ont exprimé des besoins de 427 milliards de FCFA au total, soit 7 milliards de FCFA de plus que l’enveloppe disponible. La pression reste forte sur la Beac. Cependant, pour l’heure, il reste difficile de savoir si la baisse des taux directeurs de la Beac, dont le but est non seulement de faciliter le refinancement des banques, mais aussi de catalyser une réduction des taux d’intérêts bancaires, a une incidence sur la rémunération des emprunts dans la sous-région.

Charles Totchum