Filière banane : Face à une chute des exportations à l'international

En avril 2025, les exportations camerounaises de banane dessert ont connu un net recul de 16,6 %, soit une perte de 3 215 tonnes par rapport au mois précédent, selon l’association bananière du Cameroun (Assobacam) dans sa mise à jour statistique du 13 mai dernier.

La banane, troisième produit d’exportation derrière le pétrole et le bois au Cameroun, connait une chute considérable depuis plusieurs mois sur le marché international. Selon les données compilées, le Cameroun a exporté 16 070 tonnes de bananes en avril contre 19 285 tonnes en mars de l’année en cours. Cette contreperformance serait attribuée à la baisse des exportations des trois principaux opérateurs du secteur. Notamment les plantations du Haut-Penja (PHP), la Cameroon Development Corporation (CDC) et le Boh Plantation Ltd (BPL). Plus clairement, les PHP, leader du marché, ont vu ses volumes passer de 13 509 tonnes à 11 046 tonnes, soit une baisse de 2 463 tonnes (-18,23 %). La CDC, quant à elle, enregistre un recul de 243 tonnes, ses exportations tombant à 3 309 tonnes (-6,84 %). Et enfin, BPL a exporté 760 tonnes, en baisse de 160 tonnes (-17,39 %) par rapport aux 920 tonnes du mois de mars. Seule la Compagnie de développement de banane de Mondoni tire son épingle du jeu, avec une hausse remarquable de 31,5 %, ses exportations passant de 1 304 tonnes en mars à 1 715 tonnes en avril.

Ces chiffres interrogent sur la durabilité de la filière banane, dans un contexte où la compétitivité se resserre à l’échelle internationale et où les marges des producteurs locaux s’érodent face à la montée des coûts de production et aux exigences des marchés européens. Soulignons que la banane dessert est un pilier de l’économie camerounaise. En 2023, elle a représenté 2,9 % des exportations nationales, soit 209 231,5 tonnes, sur un total de 7,1 millions de tonnes exportées, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS). Cette place fait de la banane le troisième produit d’exportation du pays, derrière les hydrocarbures (40 %) et le bois (15 %). La valeur ajoutée de cette filière réside non seulement dans sa contribution à la balance commerciale, mais aussi dans sa capacité à générer de l’emploi dans les zones rurales, où les plantations constituent souvent l’unique source de revenus pour des milliers de familles.

Cependant, plusieurs facteurs expliquent la baisse des exportations enregistrée en avril dernier. Entre autres le vieillissement des plantations, notamment celles de la CDC et de BPL, dont les rendements ont chuté ces dernières années, faute de réinvestissements conséquents. Les perturbations climatiques, avec une pluviométrie irrégulière ayant affecté la floraison et la qualité des régimes. La pression phytosanitaire, notamment la fusariose et les maladies virales, qui continuent de menacer les cultures. Des problèmes logistiques et infrastructurels, comme le mauvais état des routes rurales et la congestion des ports, qui ralentissent les expéditions. L’évolution défavorable des taux de change et des prix sur les marchés européens, affectant la rentabilité des exportations. Face à cette réalité, les producteurs camerounais sont contraints d’investir dans des pratiques culturales plus durables, des certifications éthiques, et des processus de transformation postrécolte sophistiqués pour éviter le rejet de leurs cargaisons à l’arrivée.

Charles Totchum