Face à l'insalubrité grandissante dans la ville de Yaoundé, la ministre de l'Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, a adressé, le 28 mars 2025, une correspondance très urgente au maire de la ville où elle lui intime l'ordre de signer et de notifier sans délai l'ordre de service pour le démarrage des prestations de l'entreprise Hysacam dans les arrondissements de Yaoundé 1, 2, 4, 5 et 7.
Dans son communiqué, la ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Développement urbain instruit le maire de la ville de Yaoundé d'une opération, en urgence, de ramassage d’ordures dans la cité politique du Cameroun. « J’ai l’honneur de bien vouloir vous demander de signer et de notifier sans délai l’ordre de service de commencer les prestations à l’entreprise Hysacam », peut-on lire. Confrontée à la dégradation rapide du cadre de vie dans les arrondissements de Yaoundé 3 et 6 en particulier, Célestine Ketcha Courtès a dû prendre les devants. Le 27 mars dernier, elle a déclenché une opération spéciale de nettoyage en collaboration avec Hysacam, qui a mobilisé ses équipes et son matériel pour tenter de résorber cette situation alarmante. Pendant trois jours, des bennes à ordures ont sillonné des zones fortement touchées comme l'axe montée Jouvence – carrefour Bastos ou encore la zone de Biyem-Assi, où les riverains manifestaient leur colère face à l'accumulation des déchets.
En effet, depuis plusieurs mois, des montagnes d'ordures s'accumulent dans les rues de Yaoundé (la capitale politique du Cameroun), transformant certains quartiers en véritables décharges à ciel ouvert. Les habitants de quartiers tels que Melen, Ekounou, Nkolndongo et Briqueterie se plaignent de l'odeur nauséabonde et de la prolifération d'insectes et de rongeurs. Le marché Mokolo, un des plus fréquentés de la ville, est également envahi par des déchets, mettant en péril la santé des commerçants et des clients. Au lieu-dit pont de la gare, à environ 500 mètres du centre-ville de la capitale, se dresse une poubelle qui a déjà littéralement fondu dans le décor. Du trottoir à la chaussée, les immondices s'étalent sur plusieurs mètres, au grand désarroi des riverains. Sur les réseaux sociaux, ces derniers n’hésitent pas à dénoncer cette situation critique et fâcheuse. « Nos dirigeants vont à l'extérieur, voient ce qui s'y passe et, dans leur propre pays, ils sont incapables de mettre la propreté. C'est la honte. »
Si l'urgence sanitaire est incontestable, le processus de contractualisation suscite quant à lui de vives interrogations. La Communauté urbaine de Yaoundé a engagé une procédure de gré à gré avec l'entreprise Thychlof pour la gestion des déchets dans certaines communes. Or, cette entreprise, qui avait déjà œuvré dans la commune de Yaoundé 3, a laissé de nombreux citoyens insatisfaits par la qualité de ses prestations. Des rues entières sont restées jonchées d'ordures pendant des semaines, et les moyens logistiques mobilisés étaient jugés largement insuffisants. Les spécialistes des marchés publics, quant à eux, s'inquiètent de voir cette même entreprise récupérer un contrat aussi important sans mise en concurrence, alors que des sociétés plus qualifiées, à l'instar de Hysacam, sont disponibles. Cette situation met en évidence un manque de transparence dans la gestion des déchets de la ville. Il est donc du ressort du maire de la ville de répondre aux injonctions ministérielles et d’agir rapidement pour améliorer le cadre de vie des habitants de la capitale.
Charles Totchum