Du 24 au 27 juillet 2025, la ville de Douala deviendra l’épicentre africain de la valorisation du manioc, à l’occasion de la 2ᵉ édition du Festival international du manioc, baptisé « All Kassava ».
Pendant quatre jours, producteurs, chercheurs, transformateurs, entrepreneurs, institutions et grand public se retrouveront autour d’un objectif commun : révéler le potentiel économique, social et culturel du manioc, pilier discret mais stratégique de la sécurité alimentaire en Afrique. En effet, du 24 au 27 juillet prochains, la maison du parti de Bonanjo accueillera le festival international du manioc, baptisé « All Kassava ». Ce festival s’inscrit dans une dynamique continentale de réappropriation des ressources locales pour bâtir une souveraineté alimentaire durable. À travers un programme riche et participatif, l’événement ambitionne, entre autres, de mettre en lumière les innovations technologiques dans la culture, la transformation et la conservation du manioc ; de renforcer les chaînes de valeur locales, de la production à la commercialisation ; de stimuler l’entrepreneuriat rural et féminin, en valorisant les initiatives locales ; et de sensibiliser les consommateurs à la richesse culinaire et nutritionnelle du manioc.
Organisé sous le thème « Lutte contre l’insécurité alimentaire pour la promotion du manioc et la valorisation de son potentiel économique », le festival se veut un espace de convergence entre les acteurs de la filière manioc, les institutions publiques et les citoyens. Durant ces deux jours de festivités, la rencontre s’articulera autour de plusieurs pôles. Notamment, les expositions de produits transformés, équipements agricoles, innovations techniques et semences améliorées ; les ateliers pratiques sur la fabrication artisanale de gari, la production de farine sans gluten, la fermentation du tapioca ou encore la transformation du manioc en pâte alimentaire ; les panels d’experts, avec des discussions sur les politiques agricoles, les stratégies de résilience, les chaînes de valeur, le financement de la filière, et le rôle des femmes dans l’agriculture ; les espaces de dégustation, valorisant les mets traditionnels et revisités à base de manioc et une plateforme de networking, favorisant les échanges entre chercheurs, investisseurs et porteurs de projets.
Au cours de l’édition de l’année dernière, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), par ailleurs parrain du festival, avait révélé que la production annuelle du manioc était d’environ 5,4 millions de tonnes en 2020. Ceci avec des rendements de l’ordre de 16 tonnes/hectare pour une valeur de 349 milliards de FCFA. Ces données révèlent que 75 % de la population du pays consomme du manioc, qui représente la deuxième denrée de base la plus consommée après le riz, en raison de sa diversité de transformation et de sa culture aisée dans toutes les zones agroécologiques du Cameroun, sur environ 205 000 ha. « Dans le cadre du Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) 2024-2026, le gouvernement prévoit pour la période 2023-2025 une production d’environ 195 750 tonnes de farine de manioc au Cameroun », a-t-on appris. Ces investissements s’inscrivent dans les objectifs d’import-substitution et de sécurité alimentaire définis par la stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30).
Riche en glucides, adapté aux conditions climatiques extrêmes, et cultivables toute l’année, ce tubercule joue un rôle crucial dans la résilience alimentaire des populations. Son potentiel dépasse largement sa fonction de denrée de subsistance. Grâce à ses dérivés (farine, amidon, bioplastiques, alcool, alimentation animale, cosmétiques), le manioc s’impose aujourd’hui comme un véritable levier de croissance économique locale, d’emploi et d’innovation. Le choix de la ville de Douala s’explique par sa position stratégique dans les échanges agricoles et agroalimentaires, mais aussi par la vitalité de ses acteurs économiques. Le défi, cependant, reste immense. La filière manioc est encore marquée par une faible mécanisation, un accès limité au financement, des pertes postrécoltes importantes, et une perception parfois négative du manioc en milieu urbain. De ce fait, l’objectif est aussi de reconnecter les jeunes générations à leur patrimoine agroalimentaire, dans un contexte de mondialisation des régimes alimentaires.
Charles Totchum