La Société financière internationale (IFC), filiale du groupe de la Banque mondiale, a récemment annoncé son intention d’injecter 300 milliards de FCFA dans l’économie camerounaise entre 2025 et 2027 afin de soutenir des secteurs clés tels que l’agro-industrie, le numérique et l’énergie.
La Société financière internationale (SFI), connue sous l’acronyme IFC, se prépare à injecter un montant de près de 300 milliards FCFA au Cameroun entre 2025 et 2027. L’annonce a été faite par Charlotte Ndaw Sako, directrice régionale de l’IFC pour le cluster Cameroun, lors d’un entretien accordé aux confrères du journal Investir au Cameroun en marge de la 1ère édition des Rencontres économiques du Cameroun, organisées du 26 au 27 février 2025 à Yaoundé par le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam). Selon elle, cet engagement témoigne de la volonté de l’institution d’intensifier sa présence dans le pays, où elle dispose déjà d’un portefeuille d’investissements estimé à 169 milliards de FCFA. En d’autres termes, l’IFC entend concentrer ses financements sur des secteurs stratégiques afin d’impulser une dynamique de croissance durable. Parmi les projets phares figurent l’éventuelle participation au financement du barrage de Kikot, dont la capacité de production pourrait atteindre 500 MW.

L’institution s’appuie sur son expérience réussie dans le projet du barrage de Nachtigal, auquel elle a contribué à hauteur de 92,3 milliards de FCFA. Cependant, « la mise en œuvre de ces projets dépendra de la situation économique du pays », précise-t-elle. Car «la disponibilité d’opportunités de financement et d’investissement jouera un rôle crucial dans la réalisation de ces ambitions », a-t-elle poursuivi. Dans cet échange, la directrice régionale de la SFI précise que le choix porté sur le Cameroun est un choix stratégique pour l’IFC. « Au Cameroun, nous avons des investissements, nous avons des projets de services-conseils et nous espérons les accroître » a-t-elle déclaré. Cependant, cette dernière révèle que le premier secteur prioritaire dans leur stratégie d’investissement, ce sont les infrastructures. « Lorsqu'on parle des infrastructures, on parle du secteur de l'énergie. Mais, on parle également des ports, de la logistique. »
Cependant, cette dernière souligne que les investissements envisagés sont en droite ligne avec les objectifs de développement économique du Cameroun, tels que définis dans la Stratégie nationale de développement 30 (SND30). « Le deuxième pilier de notre stratégie, c'est l'agriculture et l'agroalimentaire. Nous y avons également identifié certains projets que nous espérons pouvoir conclure. Et le troisième, c'est le financement des PME », apprend-on. Dans l’agro-industrie, l’IFC continue de soutenir la transformation locale du cacao, comme en témoigne son investissement de 7,4 milliards FCFA dans le projet Atlantic Cocoa à Kribi, doté d’une capacité annuelle de 48 000 tonnes. Le secteur financier quant à lui, n’est pas en reste, avec des financements destinés à la Régionale (soit un prêt de plus de 3 milliards de FCFA) pour l’accompagnement des PME et à CCA Bank (une ligne de crédit de 10 milliards de FCFA), dont 25 % sont spécifiquement alloués à l’entrepreneuriat féminin.

En rappel, cette volonté d’accroître les investissements au Cameroun s’est précisée lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech en 2023. À la suite de ces rencontres, une délégation de l’IFC, menée par Sergio Pimenta, vice-président régional pour l’Afrique, s’est rendue à Yaoundé en janvier 2024 afin d’évaluer de nouvelles opportunités d’investissement. Avec cet engagement financier de 300 milliards de FCFA, l’IFC confirme son rôle d’acteur clé du développement économique du Cameroun, en mobilisant des ressources pour renforcer des secteurs porteurs et stimuler une croissance durable. Car l'afflux de capitaux devrait stimuler l'activité économique, créer des emplois et augmenter le PIB national. Un secteur privé dynamique contribuera à diversifier l'économie et à réduire la dépendance aux exportations de matières premières. En s’engageant à investir massivement, la SFI espère catalyser des changements positifs et contribuer à l’atteinte des objectifs de développement du Cameroun.
Charles Totchum