Identification des mototaxis à Douala , l’opération suffit-elle pour réduire les cas d’incivisme sur la route ?

Au sortir de la cérémonie de lancement de la campagne d’identification des motos taxis à Douala ce 11 juillet 2024, plusieurs motos taximan et présidents des organisations syndicales de transports urbain déplorent la non prise en compte de l’origine de ces engins sur le territoire national et craignent une prolifération des raquettes qu’ils subissent sur la route.

Dans le but de lutter contre les agressions et l’incivisme sur les routes, le maire de la ville Douala a lancé le 11 juillet dernier, une vaste campagne d’enrôlement dans une plateforme numérique, des motos-taxis exerçant dans la capitale économique du Cameroun. À compter du 15 septembre 2024, seuls les conducteurs de mototaxi régulièrement identifiés dans ladite plateforme numérique en question, et arborant une chasuble agréée par la Communauté urbaine de Douala (CUD), seront autorisés à exercer leur activité dans le périmètre de la ville. Il est question selon Roger Mbassa Ndine, de rendre ce secteur d’activité viable sur le plan économique, afin de permettre à ces transporteurs par mototaxi, de pourvoir s'en sortir financièrement et « éloigner les brebis galeuses de la profession ». Cette plateforme numérique devrait donc identifier tous les Benskineurs et leur engin exerçant à Douala tout en donnant la possibilité aux citoyens de la ville de dénoncer des comportements inappropriés des conducteurs de motos taxis.

       

Cependant, bien que cette initiative soit « louable » selon les conducteurs de mototaxis, plusieurs y trouvent des manquements. « Cette identification des mototaxis n’inclut pas la délivrance de plaques d'immatriculation, ni l'attribution des numéros d'identification unique pour assurer la traçabilité des motos volées ou confisquées par les agents de la CUD » évoque Ngah Alain Roméo, Président régional de l’Organisation syndicale des transports urbains du Cameroun. Pour lui, dans un contexte dominé par des agressions incessantes que subissent les conducteurs de mototaxis (que ce soit de la part des individus mal intentionnés ou des agents de la CUD mis en route pour assurer le contrôle des pièces de véhicule), « la priorité ne devrait pas être le port obligatoire de la chasuble de la communauté urbaine ». Car, poursuit-il, dès le 15 septembre prochain, les agents de la police municipale se plairont à prendre de l’argent aux conducteurs de moto ou mettre leur engin en fourrière pour une vente aux enchères.

Pour se faire enrôler, « chaque conducteur de mototaxi devra se rendre dans l’un des centres agréés muni de sa CNI, de la carte grise de son véhicule et de son permis de conduire. Puis il renseignera sur les informations de son assurance, et celles de son appartenance syndicale » a précisé la division du système d’information de la communauté urbaine de Douala. Or de ces propos, Ousmane, Président de syndicat d’arrondissement de Douala 4ème déplore les difficultés auxquelles seront confrontés plusieurs motos taximan dans ce processus d’identification. « De nombreux Benskineurs ont acheté leur moto lors des ventes aux enchères de la CUD, à l’issus desquels, il leur a été donné des certificats de vente valables sur 03 mois et aujourd’hui il leur est impossible d’établir la carte grise de la moto » il a ainsi révélé. De même, pour ce dernier, le maire de la ville devrait tout d’abord s’assurer de « démanteler ce vaste réseau d’approvisionnement illicite des motos en circulation dans son unité de commandement ».  

                 

Le maire de la ville quant-à-lui dans son point de presse, a tenu à rassurer les principaux acteurs concernés par cette initiative, que des dispositions ont été prises pour « assurer une parfaite transparence » dans le processus d’identification des motos taximan. « C’est un programme dont nous avons hissé les bases il y a de cela trois (03) ans, qui a commencé lentement à être mise en œuvre dans le volet professionnalisation avec la formation de ces derniers. C’est déjà un message prometteur de savoir que nous aurons de plus en plus des conducteurs de mototaxi qui veilleront à la fois sur le respect du code de la route et sur la sécurité de leur passager ». Pour Roger Mbassa Ndine, c’est un jeu de transparence dans lequel le moto taximan accepte de se faire identifier et se faire juger par le passager. D’où l’utilité du port obligatoire de la chasuble agréée de la CUD sur laquelle seront mentionnés le QR code, le logo du syndicat d’appartenance, le logo du partenaire technique et celui de la CUD. Soulignons que la couleur chasuble varie d’une commune l’autre. Soit le bleu pour la CAD1, le marron pour la CAD2, le jaune pour la CAD3, le rose pour la CAD4 et du vert pour la CAD5.

Charles Totchum