La Journée internationale des droits des femmes qui est censée être un moment de célébration et de réflexion, devient de plus en plus un fardeau financier pour de nombreuses familles et entreprises du fait de la cherté du prix du pagne sur le marché.Chaque 8 mars, le monde célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Une occasion de mettre en avant les avancées et les défis liés à la condition féminine. Au Cameroun, et plus particulièrement à Douala, cette journée est marquée par des festivités dans les entreprises, les foyers et surtout sur le marché, où le commerce du pagne officiel suscite une vive controverse cette année. À quelques heures de ladite célébration, l’effervescence habituelle autour de cette date peine à se faire sentir dans les marchés et ateliers de couture au Cameroun. Loin de l’engouement des années précédentes, l’ambiance est plutôt morose, plombée par la flambée des prix du pagne officiel et les difficultés économiques qui frappent les ménages. Dans les ateliers de couture, la tension est palpable. Les machines ne tournent pas à plein régime. Les artisans affichent des visages crispés. « On croirait que les femmes ne s’intéressent plus à ce tissu », affirme Amadou, Tailleur.
Avec un pagne officiel vendu à plus de 10 000 FCFA, nombreuses sont celles qui ont renoncé à se faire confectionner une tenue spéciale pour l’événement, selon ces derniers. Cependant, dans les ateliers de couture au marché des femmes à Douala, les vendeuses peinent à écouler leurs stocks. Le pagne du 8 mars déjà confectionné est au cœur des discussions, et les prix varient selon la qualité et la demande (soit 3000 FCFA, 5000 FCFA, 10000 FCFA). Si pour certaines, le 8 mars est une occasion de célébrer les acquis et de revendiquer davantage de droits, pour d’autres, cette journée semble vidée de son sens. « On met trop l’accent sur les festivités et l’habillement, au lieu de réfléchir à des solutions concrètes pour améliorer la vie des femmes », regrette Mireille, responsable d’une structure à Douala. Allant dans ce sens, dans les entreprises, des conférences et des ateliers sont souvent organisés autour des thématiques liées à l’autonomisation des femmes.Certaines sociétés offrent même des cadeaux à leurs employées ou organisent des cocktails en leur honneur. Par ailleurs, dans les ménages, la tendance est à l’organisation de petites retrouvailles entre amies, souvent autour d’un repas festif. La tradition veut que les femmes s’habillent en pagne officiel, vendu par la société CICAM à 10 000 FCFA l’unité. Mais entre l’achat du pagne, la confection de la tenue et les accessoires assortis, les dépenses peuvent grimper. Certaines femmes n’hésitent pas à investir de 15 000 à 30 000 FCFA pour être élégantes le jour dit. Face à cette situation, certaines femmes se demandent s’il est encore pertinent d’imposer un pagne officiel pour la célébration du 8 mars. « Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on porte, mais ce qu’on fait pour l’émancipation des femmes », affirme Christelle Ndebi, promotrice de l’association Masha Charity. Placée sous le thème : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », cette 40ᵉ édition risque d’être marquée par moins de faste et plus de résilience, dans un contexte où le coût de la vie ne cesse de peser sur les ménages camerounais.
CT